Alors que la récolte devrait avoir lieu à la fin du mois d’août en Champagne, les opérateurs préparent l’accueil des saisonniers en tenant compte des règles sanitaires. Il y aura cependant besoin de moins de coupeurs qu’a l’accoutumée.
Le port du masque n’est pas obligatoire dans les vignes mais il pourrait être conseillé pendant la vendange, quand l’affluence sera plus forte.
L’effervescence commence doucement à se faire sentir dans les galipes champenoises. Les travaux de relevage menés actuellement y font apparaître de petites équipes qui grossiront d’ici quelques jours, lorsque débutera le palissage. Dans ce contexte sanitaire particulier, la distanciation physique est le maître-mot. « En ce moment, la demande en main d’œuvre est faible donc le respect des gestes barrières est facilité », constate Sébastien Rigobert, le directeur de la société G2V Services, prestataire viticole basé à Bezannes. Puisque l’éloignement est facile à respecter, il est rare, pour le moment, de voir des travailleurs masqués dans les vignes, ceux-ci réservant son usage au temps passé dans les transports. Qu’en sera-t-il pendant les vendanges, lorsque plus de 100 000 travailleurs saisonniers vont investir l’AOC ?
Après avoir constaté, cette semaine, l’arrivée de la pleine fleur dans la plupart des parcelles, le Comité Champagne vient d’estimer « un début de vendanges dans la dernière décade d’août. » Il reste donc moins de trois mois pour s’organiser en conséquence. L’entreprise G2V Services, qui fait habituellement appel à 1 500 saisonniers pour le compte de vignerons, de coopératives et de maisons, y réfléchit depuis les premiers signes de l’épidémie. « On doit pouvoir envisager toutes les hypothèses. Dans la plus pessimiste, les frontières françaises resteraient fermées, l’épidémie repartirait et les contraintes sanitaires seraient très fortes, imagine M. Rigobert. Mais on peut être plus optimiste et penser que les travailleurs étrangers pourront venir, tout en respectant strictement les gestes barrières dans les vignes, les transports et les hébergements. »
Quelle que soit l’hypothèse retenue, certaines précautions seront incontournables et l’entreprise qui assure le recrutement, le transport et l’hébergement de travailleurs se prépare déjà. « On a estimé qu’il fallait, chaque jour, deux masques par vendangeur. On a donc commandé 30 000 masques, explique Sébastien Rigobert. Pour le transport et l’hébergement, on réfléchit déjà à plusieurs scénarios, mais il faudra sans doute multiplier par deux les véhicules et les espaces. » L’entreprise compte aussi beaucoup sur la main d’œuvre étrangère puisqu’elle constitue 70 % de ses équipes. Des saisonniers principalement originaires de Pologne, de Roumanie et de Bulgarie, embauchés et déclarés en France. « C’est devenu très difficile de trouver des vendangeurs locaux, car la culture du travail saisonnier disparaît petit à petit de notre bassin d’emploi, estime Sébastien Rigobert. Si les vendangeurs étrangers ne sont pas autorisés à venir, on aura du mal à trouver le même nombre de travailleurs sur le bassin français et on aura donc nécessairement des vendanges plus longues. »
-30% de besoins en main d’oeuvre
Néanmoins, le directeur de G2V Services sait d’ores et déjà que cette année, la demande en matière de vendangeurs sera inférieure de 30 % par rapport à l’an passé. La chute des ventes de champagne et la crise sanitaire vont entraîner un rendement à la baisse qui nécessitera moins de coupeurs. Malgré le contexte, Sébastien Rigobert se veut rassurant. « Aujourd’hui, on est sur un nombre d’inscriptions normal par rapport aux autres années. On a peu d’inquiétudes sur la constitution des équipes, car la période des vendanges est attendue fin août, ce ne sera donc pas un problème. » Quoiqu’il en coûte, la vendange 2020 aura bien lieu.