Les vendangeurs français se font rares et les domaines de champagne ont souvent recours à de la main d’œuvre étrangère. Certains ont l’impression que la culture du travail saisonnier se perd en France.
La saison des vendanges est pleinement lancée en Champagne. C’est donc parti pour environ 10 jours de coupe de raisins. Et en Champagne, la coupe doit se faire à la main, pour respecter les règles de l’appellation. Les viticulteurs ont donc besoin de beaucoup de vendangeurs.
Mais la main d’œuvre française manque à l’appel. 10 jours de travail difficile pour environ 1000 euros, les volontaires ne sont que très peu nombreux. Alors les maisons de champagne font appel à des vendangeurs étrangers. Des espagnols, des marocains, mais aussi et surtout des Polonais et des Bulgares.
“On arrive toujours à se comprendre”
Au domaine du Chaudron dans la Marne, nous avons rencontré les 45 vendangeurs à la tâche.
Dans les rangs de ces vignes, la langue que l’on entend le plus ces jours-ci, c’est le polonais. Ces 45 vendangeurs polonais viennent de parcourir 1 500 kilomètres en bus. Ils ne parlent pas un mot de français, alors un traducteur est nécessaire pour leur donner les consignes.
La manière de travailler est donc forcément un peu différente. Mais Patrice Poupelin, le responsable du vignoble s’adapte.
“Quand ils arrivent il y a un traducteur, il y a une mise en place, on leur explique le travail. Moi je parle toujours un petit peu anglais, ou on fait du ‘fran-polonais’ mais on arrive à se comprendre.”
“J’ai l’impression que la culture du travail saisonnier disparaît”
Et puis dans chaque équipe il y a toujours des habitués. Qui commencent à bien connaitre le domaine. Piotr a 52 ans et vient depuis 7 ans faire les vendanges ici.
“Je travaille dans le bâtiment en Pologne. Ici, je gagne en 10 jours ce que je gagnerais en un mois là-bas. Même si c’est dur ça me fait quand même un sacré complément de salaire.”
Pour 10 jours de travail, Piotr va gagner autour de 1 000 euros. Exactement le même salaire qu’un Français. Mais en plus, le viticulteur doit payer le transport, l’hébergement et le traducteur. Mais Sébastien Rigobert, en charge du recrutement pour plusieurs maisons de champagne, n’a pas le choix.
“Il m’est difficile voir presque impossible d’avoir l’intégralité de mes vendangeurs qui soient français. Il y a quand même des conditions de travail qui sont difficiles pour quelqu’un qui n’est pas habitué. J’ai l’impression que la culture du travail saisonnier disparaît.”
Et parmi les 900 vendangeurs recrutés cette année par Sébastien Rigobert, 600 sont étrangers.